Alexandre Rousseau, LL.B., MBA.
Professionnel de recherche, Pôle sports HEC Montréal
02 décembre 2020
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L’auteur Haruki Murakami, célèbre et prolifique romancier japonais, court 10km par jour depuis plus ou moins 25 ans et de ce fait, il a un jour senti le besoin d’écrire sur papier ses réflexions, pensées et expériences reliées à la course. Humblement, mais dans des mots d’une beauté souvent largement supérieure à ce que l’on est habitué de lire, il consigne dans son journal différents moments de son parcours de coureur, sans jamais tenter de convaincre quiconque d’adhérer à la rigueur qu’il s’impose comme coureur, ni même à son amour du sport.
« Quelquefois les gens manifestent un certain mépris pour ceux qui courent chaque jour, sous prétexte qu’ils ne s’entraîneraient de la sorte que pour vivre vieux. Mais je ne crois pas que ce soit la raison pour laquelle la plupart des coureurs agissent ainsi. Je pense plutôt qu’ils courent non pas parce qu’ils veulent vivre plus longtemps, mais parce qu’ils veulent vivre leur vie le plus pleinement possible ».
En réalité, ce livre va bien au-delà du récit pour sportif. Faisant abondamment des parallèles entre la course à pied et sa vie d’auteur, et plus largement, à la vie, il réussi à maintes reprises à mettre des mots sur des émotions et sentiments que vous aurez certainement déjà vécus, à la course ou dans votre vie, sans jamais avoir réussi à aussi bien les ordonner dans votre esprit que Murakami le fait sur papier.Il le fait notamment lorsqu’il se retrouve au 75e km d’un ultramarathon de 100 km…
« Lorsque je m’approche de la fin d’un marathon, tout ce que je souhaite d’habitude, c’est en finir au plus vite, terminer la course aussi rapidement que possible. Voilà tout ce à quoi je suis capable de penser. Mais cette fois, ce genre de considération ne m’a même pas effleuré. Il ne me semblait pas qu’avoir achevé cette course avait véritablement du sens. C’est comme la vie. Ce n’est pas parce qu’elle a un terme que notre existence a du sens. Selon moi, qu’il y ait quelque part un terme à notre existence permet commodément de lui donner du sens, et je crois y deviner simplement une métaphore indirecte de son caractère limité. Très philosophique. »
Puis de résumer sa course, une fois passé le fil d’arrivée, après 16h42 sur le sentier…
« J’ai accepté un défi risqué et j’ai trouvé en moi la force de m’y confronter. Un bonheur personnel, mêlé de soulagement. Le soulagement plus fort sans doute que le bonheur. Comme si un nœud serré très fort, à l’intérieur de moi, se relâchait peu à peu, un nœud dont je n’avais pas su, jusqu’alors, qu’il se trouvait là, en moi. »
-Au moins, jusqu’au bout il n’aura pas marché-
Bref, une lecture inspirante, motivante et extrêmement touchante que je recommande.