C’est aujourd’hui, jeudi 31 mai, que se met en branle la finale de la National Basketball Association (NBA), finale qui opposera pour la quatrième fois consécutive Stephen Curry et les Warriors de Golden State à LeBron James, le fer de lance des Cavaliers de Cleveland. Cette finale marque le terme d’une saison qui a vu la NBA s’imposer comme un modèle de croissance à l’échelle planétaire pour les organisations sportives.
La NBA n’est pas la ligue de sport professionnelle générant le plus de revenus à l’échelle du globe : elle cède le pas à la National Football League (NFL), à la Major League Baseball (MLB) et à l’English Premier League (EPL). Mais elle est à coup sûr l’une des organisations sportives les plus habiles à faire connaître et valoir son produit! Comment y parvient-elle? Une très intéressante entrevue[1] menée par Christopher Vollmer et Daniel Gross, du magazine strategy + business, avec Adam Silver, le commissaire de la NBA, permet d’en savoir un peu plus à ce sujet!
Des résultats probants
Les choses vont bien pour la NBA et ses trente équipes! Alors que les autres ligues de sport professionnel en arrachent au chapitre des cotes d’écoute à la télévision, c’est tout le contraire pour la NBA, qui a vu son auditoire s’accroître de 17 % par rapport à la saison dernière. La hausse, aux dires des experts, est surtout le fait des jeunes entre 18 et 34 ans, un segment de clientèle qui tend à abandonner le petit écran au profit du téléphone intelligent. Quant à l’affluence à la billetterie, sachez que la ligue a connu, lors de cette saison 2017-2018, sa meilleure performance, ratant la marque des 23 millions de spectateurs par environ 2 500 billets vendus. Preuve supplémentaire, financière celle-là, de l’état de santé favorable de la ligue : le prix des franchises est à la hausse. Les Rockets de Houston ont été vendus l’an dernier pour 2,2 milliards USD, tandis que la moitié des parts de l’une des deux équipes new-yorkaises, les Nets de Brooklyn, ont été vendues une somme équivalente (2,3 milliards USD).
Les joueurs, au cœur du succès de la NBA
Adam Silver n’en démord pas : si la NBA connaît autant de succès à l’heure actuelle, c’est en grande partie en raison des joueurs, qui sont au cœur du produit offert par la ligue. C’est un puissant contraste avec, par exemple, la NFL, qui tend à considérer ces derniers davantage comme des employés que comme des partenaires. De fait, on apprenait récemment que la NFL entend imposer des amendes aux équipes dont les joueurs s’agenouilleront lors de l’interprétation de l’hymne national, en réaction aux tensions raciales qui existent aux États-Unis, et en réaction également à la surenchère mené par le président Trump à ce propos[2]. À l’inverse, la NBA accorde pleine latitude aux basketteurs : « Les joueurs apprécient le fait d’être des personnes multidimensionnelles sur les médias sociaux, tout comme ils apprécient de montrer au public et à leurs fans qu’ils sont plus que des joueurs de basketball et qu’ils ont des points de vue à propos de ce qui se passe sur la scène politique », précise Adam Silver. Les deux grandes stars de l’heure, LeBron James et Stephen Curry, ne se sont d’ailleurs pas gênés pour critiquer vertement et ouvertement le président américain. Comme quoi l’authenticité est toujours payante!
La planète comme terrain de jeu!
La présence de vedettes étrangères passées et actuelles, comme le Français Tony Parker, le Chinois Yao Ming et Serge Ibaka, natif du Congo-Brazzaville, illustre un fait que bon nombre d’amateurs ignorent : le quart des joueurs de la NBA ne sont pas nés aux États-Unis. La ligue a évidemment saisi toute la portée d’un tel constat et entend bien l’exploiter. Adam Silver est catégorique là-dessus : « Nous avons le sentiment que la marque NBA signifie quelque chose de plus que le basketball en Chine, en Inde et sur le continent africain. » Pour ce faire, la NBA s’est associée avec un partenaire chinois, le géant de l’Internet Tencent, afin de diffuser ses rencontres par l’entremise du web, pour le plus grand plaisir des dizaines de millions d’amateurs de l’Empire du Milieu. Et quoi de mieux que les médias sociaux pour atteindre les fans aux quatre coins du globe : la ligue estime rejoindre 1,4 milliard de Terriens par l’entremise de ces moyens modernes de communication.
Diversification
La NBA a aussi saisi que son succès actuel et futur passe par autre chose que par les quelque 2 500 affrontements qui forment la trame d’une saison. Il y a certes la WNBA, la ligue professionnelle pour femmes qui comprend douze équipes, et la NBA G League, la ligue de développement du circuit professionnel, deux organisations qui visent à la fois à ouvrir davantage le sport aux femmes et à favoriser l’éclosion de jeunes talents. Mais voici que la ligue plonge dans le sport électronique avec la NBA 2K League, un circuit qui met aux prises dix-sept équipes s’affrontant dans un championnat virtuel joué à partir du jeu NBA 2K18. Voilà le vecteur idéal afin de rejoindre une clientèle potentielle à la fois jeune et indirectement intéressée au « vrai » basketball. D’ailleurs, les 76ers de Philadelphie, dans une audacieuse transaction, ont mis la main, en septembre 2016, sur Team Dignitas, l’une des équipes les plus connues du e-sport, en forte croissance depuis quelques années.
Est-ce que le quatrième duel Curry-James en finale fera en sorte de hausser encore plus l’intérêt à l’égard de la NBA et de ses activités? Sans être un slam dunk, nul doute que la réponse pourrait aller vers l’affirmative, à la lumière de ce qui précède!
François Normandin. 30 mai 2018. « La NBA : objectif Terre! ». À partir de: https://echecetstrat.com/2018/05/30/la-nba-objectif-terre/