Si la victoire de 3-1 du Seattle Sounders FC sur le Toronto FC en finale de la Major League Soccer (MLS), dimanche le 10 novembre dernier, est un bel exploit pour ce club de foot de la côte ouest américaine, cette consécration rejaillit également sur le circuit professionnel nord-américain, qui prend ainsi sa place dans le cœur et le portefeuille des fans de ce côté de l’Atlantique.
Ils étaient un peu moins de 70 000 supporters, tout de vert vêtus, à s’époumoner en faveur de leur équipe lors de cet ultime affrontement qui s’est déroulé au superbe CenturyLink Field de Seattle, le domicile des champions. À n’en point douter, la fièvre du foot a frappé à Seattle malgré les 13 maigres Celsius au thermomètre, prouvant à bien des observateurs que le sport et l’équipe sont bien enracinés à Seattle. Et c’est un constat que l’on pourrait étendre à bien des égards à l’ensemble des activités de la MLS.
Rome ne s’est pas faite en un jour!
Évidemment, la MLS ne peut à l’heure actuelle se comparer avec les meilleures ligues de la planète, comme l’English Premier League, la Liga espagnole, la Bundesliga allemande, la Serie A italienne ou la Ligue 1 française. Gardons à l’esprit que le foot en Amérique du Nord, c’est un phénomène relativement nouveau et que la MLS n’existe que depuis un quart de siècle seulement. Et compte tenu de la concurrence des autres grandes ligues de sport professionnel, nommément la National Football League (NFL), la Major League Baseball (MLB), la National Basketball Association et la Ligue Nationale de Hockey (LNH), la progression du foot n’en est que plus méritoire!
Signe que le foot est promis à un bel avenir en terre d’Amérique, la valeur des franchises de la MLS est en forte croissance. Dans son article[1] publié dernièrement sur le site Internet du magazine Forbes, Chris Smith indique en effet que la valeur moyenne des 23 clubs du circuit en 2018[2], s’est appréciée de 30 %, performant mieux à ce chapitre que les franchises de la NBA (+ 13 %), de la NFL (+ 11 %), de la MLB (+ 8 %) et de la LNH (+ 6 %). La franchise de la MLS affichant la plus grande valeur financière? Le Atlanta United FC, champion de la saison 2018 après seulement deux ans d’activité, est évalué à 500 millions USD. On peut notamment expliquer ce fait par le soutien inconditionnel de ses fans puisque le club, aux dires de Doug Roberson dans un article[3] paru dans les pages du Atlanta Journal-Constitution, a attiré une moyenne de plus de 51 000 spectateurs à ses matchs, le classant au dixième rang à ce chapitre sur la planète football! Ce n’est pas rien!
Carton jaune?
Néanmoins, la hausse spectaculaire de la valeur moyenne des franchises de la MLS ne doit pas être liée, selon Chris Smith, à la performance générale des clubs au guichet. De fait, les revenus des équipes de la MLS ont été l’an dernier estimés à 816 millions USD, très loin derrière les revenus de la NFL, le circuit professionnel générant le plus de revenus sur Terre (environ 16 milliards USD en 2018). Qu’est-ce qui peut dès lors expliquer un tel accroissement? Le potentiel futur! La popularité du sport est en hausse chez les jeunes aux États-Unis, la ligue s’apprête à renégocier les droits de rediffusion de ses affrontements en 2023 et, surtout, la Coupe du monde de la FIFA 2026 sera une affaire nord-américaine, résultat d’une candidature commune entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. Les astres sont alignés afin de garantir la croissance de la MLS dans les années futures.
D’ici là, toutefois, il faut consentir à des sacrifices, essentiellement financiers. L’analyse du tableau ci-haut, présentant les revenus et les profits des 23 clubs de la MLS en 2018, permet de constater que la situation financière de l’immense majorité de ceux-ci est précaire. Seuls sept clubs ont réussi à dégager un maigre profit total de 21 millions USD, alors les vingt-trois autres formations cumulaient un déficit combiné de 126 millions USD. Au chapitre des coûts, la venue de joueurs étoiles en fin de carrière comme Wayne Rooney, David Villa ou Zlatan Ibrahimović commande d’importants salaires, mais c’est sans doute le prix à payer afin de remplir les gradins des stades du circuit.
On peut donc croire et espérer que ce sport hautement démocratique et ô combien enlevant qu’est le foot continuera de prendre solidement racine dans ce qui constitue le plus grand marché de la planète!
François Normandin. 14 novembre 2019. « Le foot en Amérique : la mayonnaise prend! ». À partir de: https://echecetstrat.com/2019/11/14/le-foot-en-amerique-la-mayonnaise-prend/