Pas facile de détricoter des siècles, voire des millénaires, d’injustice et d’iniquité envers les femmes. Heureusement, la situation évolue à vitesse grand V, et c’est une excellente chose! Mais si on veut faire avancer les choses encore plus vite à ce chapitre et permettre aux femmes d’occuper leur juste place dans nos entreprises et dans nos organisations, mobilisons ces alliés naturels que sont… les hommes!

Oui, messieurs, c’est surtout à vous que s’adresse cet article! En effet, les chercheurs s’intéressant aux questions de l’inclusion des femmes en organisation ont en effet identifié un nouveau type d’acteur pouvant contribuer à réduire les contextes et les situations discriminatoires, à savoir les alliés. Ces alliés peuvent être décrits comme « […] des membres d’un groupe dominant travaillant à mettre fin aux préjugés dans leur vie personnelle et professionnelle, et qui renoncent aux privilèges sociaux conférés par leur statut de groupe en soutenant des groupes non dominants. »[1] Les hommes constituant encore une majorité au sein des entreprises et des organisations sportives et occupant souvent le haut de la hiérarchie, ceux-ci sont donc directement concernés et interpellés, si l’on souhaite faire de ces dernières des milieux de travail et de vie exempts de comportements ou de situations discriminatoires. À ce titre, comment les hommes peuvent-ils devenir ces alliés tant recherchés?

Dans leur article[2] portant sur les alliés masculins, Susan R. Madsen, April Townsend et Robbyn T. Scribner ont identifié certaines pratiques mises de l’avant par des hommes afin de lutter contre la discrimination de genre et de favoriser une meilleure intégration quantitative et qualitative des femmes en organisation. Les chercheuses identifient ainsi quelques moyens simples afin de parvenir à l’objectif :

  • La reconnaissance. L’allié masculin peut soutenir ses collègues ou ses subordonnées féminines lorsque des félicitations sont de mise. L’un des participants à l’étude des professeures Madsen, Townsend et Scribner dira : « Si on me félicite pour quelque chose sur lequel je travaille et que j’estime que je n’aurais pas pu le faire sans l’une de mes collègues femmes, je m’assure de reconnaître publiquement la chose.» Faire valoir la contribution des femmes à l’organisation, faire entendre leur voix lorsque celle-ci se fait discrète lors d’une prise de décision sont, par exemple, deux moyens à votre portée, messieurs!
  • Les occasions de développement. Être un allié efficace, c’est aussi inviter les femmes à se surpasser et à étendre leurs horizons professionnels. Ainsi, en confiant à des employées des tâches ou des projets exceptionnels qui peuvent permettre à ces dernières de développer et d’améliorer certaines de leurs compétences, l’allié masculin instille dans l’organisation un ingrédient magique au succès de l’organisation, à savoir la confiance.
  • Au cœur de l’action. L’allié masculin voudra par ailleurs accorder aux femmes les mêmes chances qui sont souvent offertes aux hommes d’approfondir leur connaissance de l’organisation, question de préparer la relève. Plonger ces dernières dans l’étude des activités de l’organisation, les faire assister aux réunions importantes, obtenir leur avis à l’égard d’une décision à prendre, les nommer à des comités internes sont des moyens de préparer les femmes en organisation à d’éventuels postes de décision. Comme l’indique l’un des participants masculins à l’étude mentionnée auparavant : « Les dirigeants et les gestionnaires doivent donner le ton aux autres membres de l’entreprise pour que les femmes aient une place dans l’équipe de direction. »
  • La défense active. L’allié masculin n’hésite pas à monter au front en paroles et en gestes lorsqu’il est témoin d’une situation à caractère sexiste ou discriminatoire. Deux études scientifiques récentes[3] démontrent coup sur coup qu’une défense active par un allié masculin renforce à la fois la confiance des femmes et le sentiment d’être soutenues, tout comme elle contribue à réduire l’impression d’être isolées au sein de l’organisation.

En somme, messieurs, l’occasion vous est offerte de contribuer, par les quelques simples actions identifiées dans ce qui précède, à la lutte contre l’injustice et la discrimination et à faire de vos milieux organisationnels des endroits exempts de telles tares historiques. Assez parlé, bougeons maintenant!

Article rédigé par :

François Normandin,
Professionnel de recherche – Pôle sports HEC Montréal

[1] Traduction libre, tirée de Brown, K. T., & Ostrove, J. M. (2013). What does it mean to be an ally?: The perception of allies from the perspective of people of color. Journal of Applied Social Psychology, 43(11), 2211-2222.

[2] Madsen, S. R., Townsend, A., & Scribner, R. T. (2020). Strategies that male allies use to advance women in the workplace. The Journal of Men’s Studies, 28(3), 239-259.

[3] Moser, C. E., & Branscombe, N. R. (2021). Male allies at work: Gender-equality supportive men reduce negative underrepresentation effects among women. Social Psychological and Personality Science, 19485506211033748, et Cihangir, S., Barreto, M., & Ellemers, N. (2014). Men as allies against sexism: The positive effects of a suggestion of sexism by male (vs. female) sources. Sage Open, 4(2), 2158244014539168.